la Recherche

Le Sutra du Diamant et
ses miracles
Relevant de la tradition bouddhique, un Sutra est un enseignement du Bouddha consigné sous forme de discours. Ces textes, considérés comme des piliers de la doctrine, sont récités, copiés, transmis et médités depuis des siècles à travers l’Asie. Parmi eux, le Sutra du Diamant (Vajracchedikā Prajñāpāramitā Sūtra) occupe une place centrale dans la tradition Mahāyāna.
Composé probablement entre le IIᵉ et le IIIᵉ siècle, ce texte accorde une importance particulière à la sagesse transcendante (prajñāpāramitā) comme voie d’accès à l’illumination. Le titre du Sutra, Vajracchedikā, qui signifie « qui coupe le diamant », fait en effet référence à la sagesse parfaite et indestructible, symbolisée par le diamant, qui permet de conduire à une compréhension directe de la réalité ultime.
L’enseignement du Sutra du Diamant se centre sur l’absence de soi (anātman), un principe fondamental du bouddhisme selon lequel il n’existe aucun soi permanent. La sagesse consiste donc à percevoir la réalité sans projections mentales ni dualisme entre le soi et l’autre. Le texte valorise aussi la pratique de la générosité et de la compassion, à condition qu’elle soit exercée sans attachement ni attente, dans l’esprit de la vacuité — seule manière d’agir sans ego et avec un véritable altruisme.
Très largement diffusé en Chine, ce Sutra a connu de nombreuses traductions et versions, dont celle, célèbre, de Kumārajīva au début du Vᵉ siècle, qui a joué un rôle essentiel dans son adoption par les écoles Chan et Zen. Le Sutra du Diamant a donc donné naissance à une riche tradition manuscrite qui témoigne de sa portée culturelle et de son rôle de véritable guide pour la pratique spirituelle.
C’est précisément à l’un de ces témoins exceptionnels que la recherche de l’Institut Diane de Selliers se consacre : un manuscrit du XVᵉ siècle, réalisé sous le patronage de l’empereur Chenghua, aujourd’hui conservé au musée Guimet à Paris. Ce manuscrit contient non seulement les versets du Sutra, mais aussi de nombreux récits de miracles attribués au pouvoir du texte, ainsi qu’un remarquable cycle d’illustrations à l’aquarelle.

C’est en vertu de sa nature tout à fait exceptionnelle que l’Institut Diane de Selliers a décidé de soutenir financièrement la réalisation d’une traduction inédite, confiée à Cédric Laurent et Catherine Despeux. Enseignant-chercheur en langue, littérature et civilisation chinoises à l’Université Rennes 2, Cédric Laurent est également directeur du département d’études chinoises et membre associé du CEC (INALCO, Paris). Catherine Despeux est sinologue, professeure émérite de l’INALCO et administratrice de l’Institut d’études bouddhiques à Paris.
Dans le cadre de sa mission de recherche et de partage, l’Institut Diane de Selliers vise à rendre accessible ce manuscrit dans toutes ses dimensions — textuelle, narrative, artistique. L’objectif est de permettre la redécouverte d’un texte d’une profondeur et d’une influence remarquables, non seulement pour les pratiquants ou les spécialistes, mais aussi pour tous ceux que fascine cette tradition à la fois ancienne et intemporelle.